À l’ouverture de l’année scolaire 2025, le gouvernement de Kinshasa a annoncé la fin de la gratuité de l’enseignement primaire dans les territoires actuellement sous occupation. Cette décision remet en question l’une des réformes sociales emblématiques du président Félix Tshisekedi, appliquée depuis 2019, et concerne des milliers d’élèves vivant déjà dans des conditions précaires.
Les autorités de kinshasa justifient cette mesure par des contraintes sécuritaires et budgétaires. Elles estiment qu’il est impossible de contrôler efficacement l’utilisation des fonds publics dans des zones où l’État n’exerce pas sa souveraineté, au risque de voir les ressources détournées. Le gouvernement dit vouloir concentrer ses moyens sur les provinces qu’il administre effectivement, afin de préserver l’efficacité de la gratuité.

Au-delà des aspects techniques, la décision a une portée politique. En réservant la gratuité aux zones « libérées », Kinshasa fait de l’école un marqueur de souveraineté : là où l’État est présent, il garantit l’éducation gratuite ; ailleurs, il se désengage. Un choix qui envoie un signal fort dans le contexte du conflit à l’Est du pays.
Pour les familles touchées, la mesure est perçue comme une injustice supplémentaire. Déjà exposées aux violences armées et aux déplacements, elles voient disparaître un droit social fondamental. Plusieurs ONG redoutent une hausse du décrochage scolaire, du travail précoce des enfants et même du recrutement par les groupes armés.

Cette décision met en lumière le dilemme auquel fait face Kinshasa : concilier ambition sociale et réalités sécuritaires. Présentée comme temporaire, elle soulève néanmoins une question de fond : comment protéger le droit à l’éducation des enfants congolais dans les zones où l’État est absent ?