RDC–OUGANDA : VERS UNE INTENSIFICATION MILITAIRE CONJOINTE DANS L’EST DE LA RDC.

À la demande du gouvernement congolais, l’armée ougandaise va élargir son champ d’action sur le territoire congolais, notamment en Ituri, à Beni, Kasindi, et Butembo dans la province du Nord-Kivu. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une opération de sécurisation conjointe des travaux de réhabilitation des routes stratégiques.

Lancée en 2021 pour traquer les rebelles des ADF (Forces démocratiques alliées), l’opération Shujaa a souvent été critiquée pour son manque de transparence et de résultats tangibles. Toutefois, Kinshasa et Kampala semblent vouloir lui donner une nouvelle impulsion, en signant un mémorandum d’entente révisé ce samedi.

Le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et chef influent de l’armée ougandaise, est attendu à Kinshasa ce vendredi. Il devrait parapher cet accord aux côtés du général Jules Banza, représentant des FARDC. Cette présence à haut niveau symbolise la volonté politique des deux capitales de renforcer leur coordination militaire.

Ce nouvel accord de coopération militaire vise à améliorer la coordination opérationnelle, l’échange de renseignements et la formation des troupes. Officiellement, l’objectif est la stabilisation des zones à conflit pour faciliter des projets d’infrastructure, notamment la réhabilitation des routes, essentielle au développement économique local.

Mais ce partenariat militaire ne fait pas l’unanimité. Une partie de l’opinion publique congolaise et certains observateurs s’inquiètent de la présence prolongée de forces étrangères sur le territoire national. Des voix redoutent une instrumentalisation des opérations à des fins politiques ou économiques, notamment dans une région riche en ressources naturelles.

Pour Kinshasa, il s’agit d’un pari stratégique : renforcer la sécurité grâce à un partenariat militaire régional, tout en gardant la souveraineté nationale sous contrôle. Mais dans un contexte de tensions ethniques, de groupes armés actifs et de mémoires traumatiques liées à l’implication passée de l’Ouganda dans les conflits congolais, ce pari est risqué.

L’enjeu va bien au-delà de la lutte contre les ADF ou de la construction de routes. Il s’agit d’un test grandeur nature pour la diplomatie militaire de la RDC : réussir à conjuguer coopération, efficacité et respect de la souveraineté dans un contexte explosif.

À suivre : La signature du mémorandum d’entente ce samedi marquera une étape cruciale. Le terrain dira si cette alliance renforcée peut réellement offrir la paix à l’Est congolais… ou si elle ravivera de vieilles blessures.

Patrick Mulemaza…

Picture of Parler fort

Parler fort

PARTAGER CET ARTICLE SUR :

Facebook
Twitter
WhatsApp
Pinterest

NOS DERNIERS ARTICLES

NOS CATÉGORIES

Retour en haut