RDC : COLÈRE NOIRE DE SHADARY APRÈS L’OUVERTURE DU PROCÈS CONTRE JOSEPH KABILA.

Kinshasa, 25 juillet 2025 — L’ouverture du procès contre l’ancien président congolais Joseph Kabila a déclenché une violente réaction politique du côté du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti, est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie de « procès bidon, inique », fustigeant une démarche politique « guidée par la haine et la peur » d’un adversaire redouté.

À travers une déclaration aussi véhémente que symbolique, Ramazani Shadary n’a pas mâché ses mots. Dénonçant un « procès de la honte », il accuse les autorités actuelles d’orchestrer une mise en scène judiciaire pour écarter Joseph Kabila de la scène politique. « C’est la boulimie du pouvoir qui guide cette manœuvre », affirme-t-il, évoquant une justice instrumentalisée pour neutraliser une figure historique de la République Démocratique du Congo.

Ce procès, dont les contours restent encore flous au niveau juridique, semble cristalliser les tensions accumulées depuis la fin du mandat de Kabila en 2019. L’ancien président, qui a longtemps tenu les rênes du pays, demeure une figure d’influence au sein de l’opposition. Selon Shadary, « c’est la peur d’un adversaire politique qui vous a tout donné » qui motiverait cette procédure judiciaire.

L’analyse politique de cette sortie musclée révèle un clivage profond entre les partisans de l’ancien régime et ceux qui prônent une rupture totale avec les années Kabila. Pour ses soutiens, Kabila reste le père de la stabilité post-conflit et de la reconstruction d’un État en lambeaux. Pour ses détracteurs, il incarne la corruption, l’impunité et la confiscation du pouvoir.

Le discours de Shadary reflète aussi une stratégie de victimisation politique, visant à galvaniser la base militante du PPRD en ravivant le sentiment d’injustice. Dans un pays où la justice souffre encore d’un déficit de crédibilité, une telle posture pourrait séduire une partie de l’opinion publique, surtout dans les bastions fidèles à l’ancien président.

La grande question reste de savoir si ce procès pourra échapper à l’étiquette de procès politique. Les accusations portées contre Kabila mériteraient d’être instruites dans un cadre strictement légal, impartial et transparent. Mais dans le climat actuel de suspicion généralisée, chaque action judiciaire risque d’être perçue comme une manœuvre politique, qu’elle le soit ou non.

La sortie de Shadary est donc une tentative d’orienter la lecture de l’opinion, en amont même des débats judiciaires. Elle met au défi la capacité des institutions congolaises à démontrer leur indépendance, et appelle à une vigilance accrue de la société civile et des partenaires internationaux.

En s’attaquant frontalement à ce qu’il considère comme une « farce judiciaire », Emmanuel Ramazani Shadary ne défend pas seulement Joseph Kabila. Il tente de préserver l’héritage d’un système, d’un parti, et d’une vision du pouvoir. Reste à savoir si la justice congolaise saura s’affranchir des pressions politiques pour faire émerger la vérité, dans un pays où le passé continue de hanter le présent.

Patrick Mulemaza…

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