Un Retour à l’École Malgré un Contexte de Crise
La ville de Bukavu, récemment tombée sous le contrôle de la coalition AFC/M23, s’apprête à rouvrir ses écoles. Selon un communiqué officiel du Directeur Provincial de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté du Sud-Kivu 1, Léon Musagi Mukambilwa, la reprise des cours est fixée au 24 février 2025. Cette annonce marque une volonté de normalisation après une période d’incertitude et de tensions.
Les gestionnaires d’écoles, chefs d’établissements, enseignants et comités de gestion sont invités à se préparer dès le 19 février 2025, afin d’assurer un retour des élèves dans les meilleures conditions possibles. Toutefois, dans un contexte post-conflit où les stigmates de la guerre sont encore visibles, cette reprise pose plusieurs défis sécuritaires et logistiques.
Une Priorité Éducative dans un Contexte Humanitaire Difficile
Le droit à l’éducation reste une priorité, même en temps de crise. C’est dans cette optique que les autorités éducatives appellent l’ensemble des acteurs du secteur à reprendre leurs activités. Cependant, les écoles de Bukavu n’ont pas été épargnées par les récents affrontements, et beaucoup d’entre elles ont subi des dégâts matériels, des pillages ou ont été transformées en bases militaires provisoires.
De plus, le déplacement massif des populations et l’instabilité persistante risquent d’affecter la présence des élèves et des enseignants. Certaines familles, encore réfugiées dans des zones plus sûres, hésitent à rentrer. La réussite de cette rentrée scolaire dépendra donc largement de la capacité des autorités à restaurer un climat de confiance et de sécurité.
Un Risque Persistant : Les Engins Non Explosés
L’un des aspects les plus préoccupants de cette reprise scolaire concerne la sécurité des élèves face aux engins non explosés (UXO). Le communiqué met en garde contre la présence potentielle de munitions et de matériels militaires abandonnés dans les écoles et leurs environs.
Des équipes spécialisées en déminage sont attendues pour inspecter les établissements avant la reprise des cours, mais l’inquiétude demeure. L’alerte lancée par le Directeur Provincial de l’Éducation vise à encourager la vigilance et à éviter tout drame qui mettrait en péril la vie des enfants et du personnel éducatif.
Un Défi Logistique et Institutionnel
Au-delà des risques sécuritaires, la reprise des cours à Bukavu implique une coordination efficace entre les autorités éducatives, les humanitaires et les forces en présence. L’État devra s’assurer de la disponibilité du matériel pédagogique, du paiement des enseignants et de la mise en place d’un dispositif psychologique pour accompagner les élèves traumatisés par la guerre.
Les parents d’élèves sont également appelés à jouer un rôle clé dans cette rentrée exceptionnelle. Leur mobilisation et leur confiance seront déterminantes pour inciter les enfants à retourner à l’école, dans une ville encore sous tension.
Vers une Reconstruction Progressive du Système Éducatif
Malgré ces défis, cette rentrée scolaire est perçue comme une étape essentielle pour le retour progressif à la normale à Bukavu. Elle témoigne de la résilience du système éducatif congolais et de la volonté des populations de surmonter les séquelles du conflit.
Toutefois, la réussite de cette rentrée dépendra fortement des mesures concrètes prises par les autorités provinciales et nationales pour garantir un environnement d’apprentissage sécurisé et stable. Dans un contexte où l’avenir de milliers d’enfants est en jeu, l’éducation doit rester une priorité absolue.
