Depuis le retrait des FARDC et la cession de certaines munitions, Bukavu connaît une escalade inquiétante des violences nocturnes. Alors que l’instantanéité du contrôle semble se cristalliser sous la tutelle du groupe AFC-M23, un autre phénomène, plus insidieux, prend place dans l’ombre : la prolifération des cambriolages et des coups de feu, perpétrés par des voleurs mains-armées.
Un contexte de désengagement et de vacance sécuritaire
L’abandon progressif de la ville par certaines forces de sécurité, notamment les FARDC, a créé un vide propice à l’émergence d’acteurs criminels. En laissant derrière eux des munitions, ces forces ont involontairement offert les moyens matériels qui servent aujourd’hui à des bandits opportunistes. Même si la coalition AFC-M23 contrôle officiellement la ville, leur présence ne suffit pas à dissuader l’expansion des activités illicites dans tous les quartiers.
Des faits divers alarmants
Dès la nuit du mardi 17 février, des incidents se succèdent dans différents quartiers de Bukavu. Chaque nuit semble désormais être le théâtre de cambriolages et d’échanges de coups de feu, comme si le désordre avait infiltré le quotidien des habitants.
- Muhungu : Dans ce coin, la population déplore qu’une bande de malfaiteurs ait pu cambrioler plus de dix maisons en une seule nuit, notamment le 19 février, avant de réitérer leur passage le lendemain.
- Nguba : La situation s’y est déjà répétée à deux reprises, avec des intrusions affectant plusieurs foyers sur une courte période.
- Kadutu : Les quartiers de cette commune ne sont pas épargnés, avec trois nuits recensées où les cambrioleurs n’ont pas hésité à piller et à semer la terreur.
Ces voleurs armés et organisés, n’hésitent pas à parcourir plusieurs avenues en une seule nuit, volant objets de valeur comme téléphones et ordinateurs, tout en exigeant d’importantes sommes d’argent auprès des victimes.
Une population mobilisée face à la défaillance sécuritaire
Face à cette recrudescence de faits divers, la population de Bukavu n’est pas restée silencieuse. Les habitants mettent en garde contre ces voleurs mains-armées et appellent à une mobilisation générale pour instaurer un contrôle plus strict. Des initiatives locales, notamment la mobilisation des jeunes dans certains quartiers, témoignent d’un désir de reprendre le contrôle et de chasser ces éléments perturbateurs. Toutefois, ces efforts restent ponctuels et peinent à contrer l’ampleur des actes de pillage.
Analyse : Quand la crise s’aggrave
L’illustration de cette situation met en lumière une contradiction criante : alors que Bukavu est officiellement sous l’égide de l’AFC-M23, des opportunistes profitent de la crise pour s’enrichir au détriment de la sécurité collective. Au lieu de s’unir pour surmonter cette période difficile, certains se servent du chaos ambiant pour perpétrer des actes inciviques qui rappellent tristement une période antérieure à l’arrivée des groupes armés. Cette dynamique renforce un cercle vicieux où l’insécurité alimente la méfiance et le repli sur soi, rendant plus complexe toute tentative de rétablissement d’un ordre public durable.
Conclusion
La situation de Bukavu est symptomatique d’un déséquilibre où le retrait des forces traditionnelles a laissé place à un contrôle fragmenté et inefficace. Les voleurs mains-armées exploitent ce contexte pour multiplier les intrusions et les pillages, aggravant ainsi le sentiment d’insécurité parmi la population. Pour sortir de cette spirale de violence, il est impératif que tous les acteurs – autorités, groupes armés en position de gouvernance et citoyens – se mobilisent pour instaurer un cadre sécuritaire unifié et réactif. Seule une approche collective et coordonnée pourra, à terme, redonner à Bukavu le calme et la stabilité qui lui manquent cruellement.
EL Parias Pat Mulemaza