Chaque année, la Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars, est censée être un moment de reconnaissance des luttes et des avancées pour l’égalité des sexes. Toutefois, en République démocratique du Congo et dans plusieurs pays africains, cette journée semble avoir perdu l’éclat et l’authenticité qui la caractérisaient autrefois. Autrefois marquée par des festivités, des mobilisations et des actions concrètes, elle est désormais perçue par beaucoup comme une simple formalité, vidée de sa substance et de son impact réel.
Autrefois, une fête symbolique, aujourd’hui un événement négligé
Dans le passé, le 8 mars était une véritable célébration populaire au Congo. Les femmes, jeunes et adultes, revêtaient des pagnes neufs pour l’occasion, et des manifestations publiques, telles que des défilés, des marches de soutien et des cérémonies officielles, rythmaient cette journée. Les organisations, entreprises et institutions jouaient un rôle clé dans la mobilisation, affichant leur engagement à travers des uniformes, des discours et des campagnes de sensibilisation.
Aujourd’hui, cette dynamique semble s’être estompée. Les manifestations sont de plus en plus rares, et l’enthousiasme collectif s’est effrité. La situation sécuritaire, notamment dans l’Est du pays, est certes préoccupante, mais elle ne devrait pas être une excuse pour reléguer cette journée au second plan. Si certaines personnalités publiques et politiques se contentent d’adresser des messages de vœux sur les réseaux sociaux, les actes concrets en faveur des femmes vulnérables restent insuffisants.

Une opportunité manquée pour la solidarité féminine
Dans un pays où de nombreuses femmes vivent dans des conditions précaires, le 8 mars devrait être une occasion de solidarité active. Au lieu de simples publications sur les réseaux sociaux, cette journée pourrait être marquée par des visites aux hôpitaux, aux camps de déplacés, ou par des actions en faveur des femmes victimes de violences et de discriminations.
Le contraste est frappant avec d’autres pays africains où l’esprit de cette journée reste intact. Dans certains pays africains, les femmes s’organisent davantage et s’investissent dans l’entrepreneuriat et le développement économique. Elles sont nombreuses à gérer des activités lucratives, allant de la petite entreprise au commerce transfrontalier, au point où certaines deviennent le principal pilier économique de leur foyer.

Les défis économiques et sociaux des femmes congolaises
Au Congo, une partie des jeunes filles aspire encore à devenir l’épouse d’un homme riche plutôt que de bâtir leur propre indépendance financière. Cette mentalité, ancrée dans certaines perceptions culturelles, freine la lutte pour l’égalité des sexes. Pourtant, l’émancipation économique des femmes est un levier essentiel pour le développement du pays.
De nombreuses femmes congolaises hésitent encore à exercer certains métiers jugés “non respectables”, tandis que des travailleuses étrangères, n’hésitent pas à occuper ces postes pour subvenir à leurs besoins. Cette disparité met en évidence un problème de perception du travail et du rôle de la femme dans la société.
D’autre part, le phénomène des “filles-mères” est une autre réalité préoccupante. Beaucoup de jeunes filles, abandonnées après une grossesse précoce, se retrouvent sans soutien familial et sombrent parfois dans la prostitution pour survivre. Il est impératif que les familles et la société prennent leurs responsabilités pour accompagner ces jeunes mères, leur offrir des opportunités de formation et éviter qu’elles ne soient livrées à elles-mêmes.

Un appel à l’engagement et à l’autonomisation des femmes africaines
Au-delà de la célébration, la Journée internationale des droits des femmes doit être un moment de réflexion et d’action. Il est temps pour les femmes congolaises, et africaines en général, de prendre conscience de leur potentiel et de ne pas se laisser enfermer dans des rôles traditionnels limitants. L’égalité sociale ne se décrète pas, elle se construit par l’éducation, le travail et l’audace de prendre en main son destin.
L’Afrique a besoin de femmes fortes, autonomes et engagées. La République démocratique du Congo, en particulier, doit encourager ses filles et ses femmes à briser les barrières sociales et économiques pour construire un avenir plus équitable. Le 8 mars ne doit pas être une simple date sur le calendrier, mais une journée d’action et de mobilisation pour un monde où les femmes ont les mêmes opportunités que les hommes.
EL Parias Pat Mulemaza…